Des solutions techniques bien pensées peuvent améliorer durablement l’accès à l’eau. Mais même les technologies les plus efficaces ne suffisent pas à elles seules. L’expérience du projet Nano-KIN, porté par la Fondation Antenna, en est une démonstration : sans accompagnement structuré, sans relais local, l’impact d’une technologie pensée pour répondre aux besoins essentiels en eau, hygiène, santé ou énergie peut être fortement limité.
Les analyses, issues d’un mémoire de recherche réalisé en 2024 par Jessica Assunçao (Université de Genève) dans les quartiers périurbains de Kinshasa, ont démontré que l’eau est bien traitée grâce à l’hypochlorite de sodium produit localement par électrolyse (voir ici).
Pourtant, des recontaminations post-traitement ont été observées : bidons sales, stockage inadapté, ustensiles intermédiaires contaminés… Des gestes quotidiens qui réduisent considérablement les bénéfices du traitement initial, et qui soulignent la nécessité d’un accompagnement de terrain, de formations solides et d’un vrai suivi.
Comment le projet Nano-KIN a intégré ces dimensions essentielles
Des sessions de formation ont été mises en place pour les fontainiers — responsables de la production et de la distribution de l’eau chlorée — accompagnées de guides pratiques, de rappels théoriques et de supports visuels en langue locale. Des bâches et affiches illustrées ont été déployées pour sensibiliser aux bons gestes. Mais les observations ont montré que ces efforts, bien que pertinents, n’ont pas suffi à garantir pleinement une adoption durable.
Sur de nombreux sites par exemple, une seule personne a été formée, sans dispositif de suivi ou d’évaluation. Certains messages sont mal compris, peu visibles, ou rapidement oubliés. Des pratiques à risque — comme le lavage des bidons avec du « savon poussière » (savon ménager réduit en poudre, peu hygiénique) ou l’usage de seaux ouverts (récipients sans couvercle favorisant la contamination) — persistent.
Ces constats rappellent qu’une solution durable ne repose pas uniquement sur la technologie. Elle exige une approche transversale : formation continue, relais locaux actifs, implication communautaire et coordination des acteurs. Sans cette dynamique collective, même les meilleures innovations perdent en efficacité.
Comment mieux intégrer ces dimensions humaines dans les projets d’accès à l’eau ? Quel rôle peuvent jouer les relais locaux, les outils pédagogiques ou les initiatives communautaires pour renforcer l’impact sanitaire ?
C’est l’un des nombreux points qui seront abordés demain, 19 juin à 18h30 à la Maison Antenna lors de la conférence-débat autour du projet Nano-KIN, coanimée par John Poté (Université de Genève) et le Pr. Mulaji (Université de Kinshasa). Une rencontre pour réfléchir ensemble aux enjeux sanitaires liés aux pollutions microbiennes et métalliques, mais aussi à l’importance de l’hygiène, de la formation et de l’implication locale.
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